Aventure écriture #3 : le désert, encore…

écrivain Arthur Constance, portrait

Aventure écriture #3 : le désert, encore…

J’ai entamé l’année 2021 dans un état proche de l’épuisement.

Accaparé par l’écriture (pas uniquement du recueil, je reviendrai dessus), j’ai négligé tous les autres aspects de l’existence, en particulier la santé.

Depuis plusieurs années, je traîne un vilain mal de dos dont je n’arrive pas à me défaire. Je vous avais déjà évoqué quelques conséquences liées à la fatigue (irritabilité, difficulté de concentration…), mais en ce début d’année le mal a empiré. Je me réveille complètement bloqué, parfois incapable de me pencher en avant.

Je dois faire quelque chose pour mon dos.
Je dois faire quelque chose pour mes livres.
Je dois faire quelque chose pour vendre mes livres.

Ce sera le sommaire de cet article.

Sommaire

La sainte santé avant les lettres

Plein le dos

Ça a commencé en 2018, à l’époque c’était épisodique, je ne m’inquiétais pas. Pendant un an j’ai laissé traîner, de toute façon il n’y avait rien d’inquiétant. Je faisais un peu de sport alors j’interprétais les douleurs comme de simples courbatures…

Un an plus tard ça devenait sérieux. Comme je vous l’ai déjà expliqué dans le premier chapitre de cette série, le mal de dos me réveillait très tôt le matin, j’accumulais de la fatigue, devenais facilement irritable, moins concentré…

Bref, je décide de consulter un médecin. Il m’envoie faire des radios. Mon dos va bien, pas de problèmes.
Sauf que j’ai mal.
Il me prescrit des anti-inflammatoires.
Et je n’en veux pas.

Heureusement, à l’époque, j’habitais à Paris, et à Paris, il y a une école d’ostéopathie. Je voyais les ostéos comme des espèces de super kinés. On y va une fois, et hop ! on est réparé. (oui-oui, je sais…) C’est une école, donc la séance n’est pas chère et ça permet au jeune praticien de se former, tout le monde est content.

Je vous épargne les détails, en résumé :
– Mon dos a fait « crac ! »
– J’arrivais à mieux tourner la tête.
– J’étais fatigué après la séance.

Mais le mal de dos était toujours là au petit matin.
C’était l’été, je préparais mon déménagement, j’ai mis mes problèmes de santé de côté.

Rebelote vers le bizarre

Une fois installé dans l’Aveyron, je me suis essentiellement occupé d’écriture. Sans patron, sans horaires fixes, je rattrape mon manque de sommeil par de courtes siestes, mais ça ne fonctionne pas très bien. J’aime pas les siestes, et j’ai toujours mal.

Alors je décide de consulter.
Et comme j’ai déjà tenté la médecine classique, sans succès, je m’aventure vers le bizarre.

Je suis allé voir un énergéticien.
Ça n’a pas marché.
Je suis entré dans une machine quantique de conception soviétique.
Ça n’a pas marché.
J’ai « désacidifié » mon corps.
Ça n’a pas marché.
J’ai fait une cure de citrons.
Ça n’a pas marché.

Cet enchaînement d’échecs n’est pas gratuit, et mes finances sont rapidement mal en point elles aussi.
Je laisse tomber le bizarre, les siestes c’est très bien, ça ne coûte pas cher.
Et à la fin de l’année 2020, je suis épuisé…

2021

En cette nouvelle année donc, je décide de (re)prendre ma santé en main. Il faut dire que mon dos est dans un sale état ; le matin j’ai parfois du mal à me lever tant je suis bloqué.

Je prends rendez-vous chez un généraliste. Il me prescrit un anti-inflammatoire homéopathique et des séances de Kiné.

Le médicament est assez efficace, je sens que l’intensité des douleurs diminue. Je sais bien que l’homéopathie est assez décriée, mais dans mon cas elle a fonctionné. Était-ce dû à un effet placebo ? Je ne sais pas.
J’ai récemment lu un livre qui explique le fonctionnement de l’homéopathie. En particulier comment le médicament agit malgré l’absence apparente de substance active. J’invite les curieux et les dubitatifs à le lire.

Bref, j’ai moins mal.

Pendant plusieurs semaines j’apprends plein d’exercices de kiné. Je dois effectuer ces exercices tous les jours, ce qui me prend une heure environ.
Et petit à petit, la douleur s’en va. Elle s’évapore lentement, elle prend son temps. Je diminue ma consommation d’anti-inflammatoire, j’ai de moins en moins mal, et au bout de quelques mois la douleur a disparu. Un patient doit être patient.

Ma dernière séance de Kinésithérapie a eu lieu le 21 juin 2021.
Le jour du solstice d’été
Le jour où j’ai mis mon site en ligne

Et oui, en six mois, je n’ai pas travaillé qu’à mes exercices de Kiné.

Il faut sauver le recueil de nouvelles

La catastrophique catastrophe catastrophique

C’était une catastrophe !
300 livres avec une couverture trop bleue, trop floue et des pages blanches !!!
C’EST UNE CATASTROPHE !!!!!

Oui, à l’heure où j’écris ce billet, je me rends parfaitement compte du ridicule de ces angoisses.
Mon Dieu ! Un livre avec des pages blanches et pas crèmes, quelle catastrophe !
Bravo Arthur…

Sur le moment j’étais dégoutté.
Et j’avais beau être rassuré par tout mon entourage « elle est très bien cette couverture », « très jolie », « très réussie »… moi, je la trouvais ratée, et je ne voulais pas vendre un livre que je trouvais raté.
Oui… je sais… on ne juge pas svp.

Alors je me suis mis en tête d’imprimer une sur-couverture.
Pas bête la guêpe (ou folle ?).
J’ai demandé des devis.
Trop chers.
J’ai demandé d’autres devis.
Toujours trop chers.

Je me sentais bloqué. Et un soir mélancolique où je feuilletais mon livre avec l’espoir d’une inspiration salvatrice à ce catastrophique problème de couverture, mon regard tomba sur une des citations placées en début de nouvelle.

On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

Charles de Saint-Exupéry ? C’est bizarre ? Ça sonne bizarre…
Charles ?
Charles ???
Oh la boulette !!!

Cette nuit-là j’ai mal dormi.

Charles de Saint-Exupéry… la honte…
J’imprime rapidement un erratum, mais le mal était fait. J’ai déjà distribué quelques livres, à des amis, à la famille, à des amis d’amis. L’erreur est relativement discrète, c’est pas comme si j’avais écrit Kevin ou Brandon de Saint-Exupéry, mais quand-même, c’est vraiment pas sérieux…

Voilà ce que c’est que de vouloir aller trop vite !

Cette erreur a quand même un avantage, elle me fait complètement oublier la couverture trop bleue et trop floue. En revanche, j’ai encore plus de mal à être fier de mon livre. J’envisage de le réimprimer.
Idée stupide.
Mais elle me traverse quand même l’esprit.

Que faire ?

J’essaie de relativiser. Il y a eu pire. Quand j’étais vendeur de journaux / livres, le gérant m’avait raconté une anecdote assez drôle.

Un nouveau livre était entré en rayon, un roman anglo-saxon récemment traduit en Français. Comme il était articulé en deux parties, le traducteur avait envoyé deux fichiers (partie 1, partie 2).

Sauf que la maison d’édition s’est mélangée les pinceaux.

La première partie du livre était en Français, mais la seconde était toujours en Anglais.
Belle surprise pour les lecteurs.

Qu’est-ce qu’une petite coquille à côté de ce genre d’erreur ? Qu’est-ce qu’une couverture un peu floue, un peu bleue, à coté de ce genre de maladresse ?

Allez, je garde le cap !
Je continue la création du site internet, et je vends mon livre en ligne.

À la conquête du Web littéraire

J’avais un peu exagéré la dernière fois, quand je vous avais dit que je n’avais pas d’idée pour vendre mon livre.
En réalité j’avais quelques pistes :

  1. Vendre sur Internet (d’où l’importance du bureau de poste mentionné dans l’article précédent)
  2. Vendre dans les librairies.

Bon, ok, c’est pas le plan commercial du siècle, d’autant que je ne l’avais pas plus détaillé.
Quand on a la tête dans le guidon, on voit très mal la route.

Étape numéro 1 : construire un site.

Mon nouveau domaine

La création de site Web, je n’y connaissais rien.
Mais tout le monde disait que c’était facile.
Avec WordPress, n’importe qui peut avoir son site, et en plus c’est gratuit, et en plus il y a plein de Tutoriels sur YouTube.

Bon, très bien, je me lance à la fin de l’année 2020, et achète un pack permettant la création d’une boutique en ligne sur wordpress.com.
Sur le coup, ça me semble bizarre, je croyais que c’était gratuit. Mais non, l’offre gratuite ne permet pas de vendre en ligne…
Je regarde des Tutoriels, on y parle de plug-in, de thèmes à installer : Astra, Ocean WP, Elementor etc.
Je ne les trouve pas…
Je regarde d’autres tutoriels, et… je me rends compte que je me suis trompé de plate-forme.
J’ai acheté un produit sur wordpress.com, au lieu de wordpress.org.

Ça commence mal.
Heureusement, je peux annuler ma commande et être remboursé.

Je ne vous fais pas la liste, mais des erreurs dans ce genre, j’en ai fait des dizaines.
J’avais énormément de lacunes. Quand j’ai entrepris la création de ce site, la différence entre un nom de domaine et un serveur n’était pas claire…

Mais je me suis formé.
J’ai appris, j’ai testé, je me suis trompé, j’ai recommencé.
(Pour ceux qui sont en train de créer leur site, je vous conseille le site et la chaîne YouTube : wp marmite)

Et au bout de six mois.
Le 21 juin 2021.
En rentrant de ma dernière séance de Kiné.

Tadam !
Le site est en ligne !

Alors évidemment, deux secondes après la mise en ligne, je cherche mon site sur Google.
Et évidemment, je ne le trouve pas.
Je finis quand même par le dénicher au bout de quelques jours, en septième page de Google…

Qui me cherchera si loin ?

Vendre mon livre va être compliqué.
Très compliqué.
Beaucoup plus compliqué que prévu…

Devenir numéro 1

Arriver premier quand on tape mon nom : voilà mon nouvel objectif.

Alors je publie des articles, ajoute des pages, j’améliore le site, le rends plus agréable d’utilisation…
Bref, là encore, je regarde des tutoriels.
Je passe en page 5, puis 3 puis 2 et enfin : Première page !
Tout en bas.
Puis à nouveau en page deux (tout en haut), et à nouveau en bas de la première page, etc
Pas la peine de vous faire un dessin : je stagne.

Mais ce n’est pas mon plus gros problème.
Quand bien même je serais tout en haut de la page de recherche, si personne ne tape mon nom dans Google, ma bonne position ne servira à rien.

Je dois donc me faire un nom.

Pour cela, je contacte un site d’actualité littéraire et leur propose un article en lien avec des billets déjà publiés sur mon site (ceux sur les Barbares de Baricco)
L’article est accepté, publié, il rencontre un certain succès (plus de 1000 partages), et mon site est visité à de nombreuses reprises.
Mission accomplie !

Sauf que non.
Je n’ai pas vendu un seul livre…

Je décide de faire de la publicité sur Google et Amazon pour attirer de potentiels lecteurs vers mon site.
Ça coûte cher.
Et là encore, pas une seule vente.

Ce n’est pas normal, j’ai forcément commis une erreur.
Mais où ???

La confiance

Je ne suis pas connu, personne, un anonyme.
Et si je me souviens bien, il n’y avait même pas de photo de moi sur le site.
Il n’y avait pas non plus d’avis de lecteur, aucun retour, rien, le vide.

Alors j’envoie mon livre à la presse.
Sans succès, je ne reçois pas la moindre réponse.

Sur Instagram, je contacte des critiques susceptibles d’être intéressés par mon livre.
Quelques-uns me répondent, je leur envoie mon livre, non sans appréhension.
En dehors de mon cercle proche, ils seront les premiers à lire mon livre.

Les jours passent…
Je m’inquiète…
Mais finalement je reçois les premiers retours.

Des critiques positives !

Sauf que…

Le désert et la plume

J’ai essayé de vendre mon livre pendant un an tout entier.

J’ai essayé la vente en ligne, sur mon site, sur Amazon, j’ai même payé de la publicité.
Désespéré, j’ai distribué des marques-pages à la médiathèque de Rodez, j’ai fait le tour des librairies pour leur proposer mon livre en dépôt.

J’imagine que les marques-pages n’ont pas donné envie.
Sur le rayon du seul bureau de tabac qui l’a accepté, mon livre a pris la poussière.

Au bout d’un an, le bilan est catastrophique.

  • Hors mon cercle familial et amical, je n’ai pas vendu un seul livre.
  • Ma situation financière est à l’image de mes ventes.
  • À vouloir jouer les écrivains solitaires, je me suis complètement isolé. Je vis dans une grotte depuis deux ans, et ma vie sociale est à l’image de ma situation financière.

Est-ce que je suis en train de devenir un écrivain maudit ?

Ça ne devait pas se passer comme ça. Mon virage littéraire m’a conduit vers un désert dans lequel je m’enlise, et sans la moindre oasis à l’horizon. Parfois quelques mirages en forme d’espoir surgissent au loin ; la publicité, le marketing d’influence… promesses de réussite, nuages de fumée.

Alors les doutes envahissent l’espace. Tout quitter, écrire seul…
N’ai-je pas fait la plus grosse erreur de ma vie ?
N’est-il pas plus sage d’arrêter ? Chercher un emploi stable et écrire à coté, sur mon temps libre, comme le font presque tous les autres écrivains ?
Peut-être que je suis mauvais ?

Toutes ses questions bombardent sans relâche mon esprit. Je les retiens, je les repousse loin, de l’autre coté du dessert, derrière les hautes dunes.
Mais tous les jours elles reviennent, tempête hurlante, terrible déferlement d’interrogations assassines.
Alors, accablé, croulant sous le poids des doutes, je plie genoux. Je dois me rendre à l’évidence, j’ai échoué. J’ai essayé et j’ai échoué. Plume anonyme, écrivain sans lecteurs, le cimetière des artistes pleureurs m’ouvre ses portes grinçantes.

Je sens pourtant un changement depuis quelque mois. Un je-ne-sais-quoi dans l’air, une énergie ? une impression ? de l’auto persuasion ? un autre mirage ? peut-être que je deviens fou ? mais j’ai une bonne intuition. Je ne sais pas ce qu’il va se passer, je ne sais pas comment ni pourquoi, mais cette année je vais réussir quelque chose.

La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent !

Oui, peut-être que je deviens fou
Mais je le sens.
Je le sens dans mes tripes.

L’année 2022 commence.
Je me fixe un ultimatum.
Si je n’ai rien vendu d’ici la fin de l’année, je laisserai tomber. Tant pis, la vie littéraire n’était pas pour moi, j’ai fait ce que j’ai pu, je n’aurai pas de regret.

Et puis c’est peut-être ça ma sensation, ce qu’essaie de me dire mon intuition ; je vais peut-être réussir dans un autre domaine…

En attendant, pour mettre un peu de beurre dans les épinards, je recherche un petit boulot alimentaire.

À suivre…

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Arthur Constance

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